Peu connues en France, les fondations actionnaires sont très développées en Europe du Nord. Depuis Pierre Fabre en 2008, premier industriel français à avoir donné́ la majorité́ des parts de son entreprise à sa fondation, le modèle se déploie lentement en France. Un mouvement de fonds bien accompagné.
Un mouvement émergent
On compte plus de 1 300 fondations actionnaires au Danemark (Novo Nordisk, Carlsberg ou Velux), plus de 1 000 en Allemagne (Bosch ou Bertelsmann), 1 000 en Suède, près de 200 en Suisse (Rolex ou Victorinox) qui permettent à ces pays de conserver des fleurons industriels.
En France, à partir de 2015, une prise de conscience émerge. Entrepreneurs et pouvoirs publics voient dans la fondation actionnaire un modèle pertinent de transmission des entreprises familiales, de protection du capital, de patriotisme économique et de contribution à l’intérêt général.
A l’origine de la démarche, des entrepreneurs ou des familles visionnaires prêts à se déposséder au nom de l’intérêt collectif. Après le groupe de presse La Montagne en 1979, la fondation Pierre Fabre, créée en 1999, devient la fondation actionnaire française de référence. En 2014, le groupe Avril crée à son tour la Fondation Avril, reconnue d’utilité publique.
Aujourd’hui, une trentaine de patrons ont fait le choix de se départir d’une partie de leurs titres « au profit » d’une fondation actionnaire. Il existe à ce jour environ 25 fonds de dotation actionnaires. « Ça ne va pas plus vite parce que c’est un modèle radical », analyse Virginie Seghers, présidente de Prophil.
… bien accompagné
Ce mouvement ne se fait pas seul : à l’initiative de Prophil*, nombre de ces pionniers se sont rassemblés au sein de la communauté De Facto, Dynamique européenne en faveur des fondations actionnaires. Cette communauté a pour vocation d’expérimenter, d’échanger les bonnes pratiques et de promouvoir le modèle, à l’aune des meilleurs exemples européens.
A l’image de ces pionniers : Arcadie, Belledonne, Bureau Vallée, Cetih, Mozaïk, Naos, Archimbaud, Léa Nature, Mediapart… Adam a rejoint ce réseau il y a quelques mois, convaincue « que ce modèle répond aux attentes d’une nouvelle génération d’investisseurs et de collaborateurs, prête à révolutionner les modes de gouvernance et de propriété. Nous souhaitons promouvoir les meilleures pratiques pour les fondations actionnaires pionnières en France et porter un plaidoyer afin d’en faciliter la constitution », pour reprendre les termes du plaidoyer de la communauté.
Si la promotion d’un tel modèle nécessite l’implication des entreprises, il importe aussi de travailler avec les pouvoirs publics. « C’est un vrai sujet de transmission des entreprises familiales… et de patriotisme économique. Beaucoup d’entreprises meurent au moment de la transmission », commente Virginie Seghers, présidente de Prophil.
* Entreprise à mission, de recherche et de conseil en stratégie, dédiée à la contribution des entreprises au bien commun. Prophil a notamment fait émerger en France les modèles de Fondation actionnaire, d’Entreprise à mission, et plus récemment de Post-croissance.